Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Démission

« Toute personne morale de droit public ou privé peut créer un aérodrome destiné à la circulation intérieure publique sous réserve d’une convention avec le ministre chargé de l’aviation civile ».

Cette disposition codifiée par l’article L6311-2 du Code des transports n’a en rien été affectée par la loi NOTRe entrainant une redistribution des compétences des collectivités territoriales.

L’abandon de la gestion de l’aérodrome de Quiberon au bénéfice de l’AQTA demande donc au moins quelques explications de la part de Mr le Maire.

Cette annonce, faite par lui de manière tout à fait incidente, à l’occasion du renouvellement de la DSP d’exploitation de la brasserie de l’aérodrome, est d’abord choquante dans la forme : le conseil est appelé à se prononcer sur une histoire de bistrot mais n’a été ni informé ni consulté sur cette question d'un possible abandon de la propriété et de la gestion de l’aérodrome !

Dire comme il est rapporté que la « commune n’a plus le choix … en raison de la loi ALUR » pose tout autant question.

Quelle disposition de la loi ALUR priverait ainsi la commune de sa liberté de gestion d’équipements payés par le contribuable quiberonnais sur des terrains spoliés à des Quiberonnais ? Aucune, semble-t-il.

Mr le Maire se réfère également au déficit qui « s’est accumulé au fil des ans ». Ne se souvient-il pas en avoir rejeté la responsabilité sur l’ancienne municipalité (oubliant aussi qu’il en était membre) lors du débat d’orientation budgétaire du 16 mars 2015 ? Ne se souvient-il pas s’être félicité dans ce même débat que le déficit (hors amortissement) a été ramené à 4 000 € seulement ? Ne se souvient-il pas avoir promis alors un retour à l’équilibre en 2015 ? Alors qu'il semble savoir faire la part des choses entre les déficits avant amortissement et hors amortissement, il n'hésiterait pas à faire cadeau à l'Aqta d'un hangar tout neuf payé il y a peu par le contribuable quiberonnais ? Son ministre des finances n’a-t-il pas aussi présenté un budget annexe de l’aérodrome en équilibre en mars 2016 ?

Alors qu’il dépense à tout va dans des animations au succès plus qu’incertain, alors que des sommes importantes ont été dilapidées dans des équipements inutiles (passage piéton du Petit ferrailleur par exemple) ou ratés (ma chère fontaine de la gendarmerie dont il se dit qu’elle pourrait être démontée très prochainement), alors que la commune va devoir sans doute s’endetter à nouveau pour financer les travaux du foyer laïque (décidés sans information ni concertation aucune), un déficit de 4 000 € pour l’aérodrome serait ainsi devenu insupportable ?

Au lieu de reprendre à l’Office du Tourisme la responsabilité d’animations pour les faire financer par le contribuable alors qu’elles devraient l’être exclusivement par le produit de la taxe de séjour et par les ressources propres obtenues de l’OT auprès des marchands qui en profitent, tout cela pour garder la main alors qu’en matière de tourisme la responsabilité devient de droit celle de l’Aqta, Mr le Maire ferait mieux d’assurer l’essentiel.

Il n’y a pas de développement économique possible sans équipements structurants, il n’y a pas de succès commercial sans politique de différenciation.

Depuis deux ans, Mr le Maire qui a pourtant bâti le succès de sa sardinerie sur ces bases (une usine performante sur un terrain obtenu à bon compte, un choix marketing décalé), semble oublieux de ces règles économiques, à moins que ne soit finalement vrai ce qui se dit sur sa faible participation au succès dont il se sert pour valoriser son image (« Si ce n'est toi, c'est donc ton frère » !).

Il fait, en effet,tout le contraire !

Dans un billet du 23 septembre 2014 nous déplorions que Mr le Maire, six mois après son élection, n’avait encore fait valoir aucune réflexion « sur le devenir des équipements structurant le futur économique de Quiberon : port de pêche et criée, port de plaisance, gare maritime, voies d’accès, aérodrome ».

Le constat, deux ans plus tard, est qu'il n'en a pas été capable et que, pour deux de ces équipements, structurants pour Quiberon, l'un a été abandonné par lui (port de plaisance) et l'autre est en voie de l'être (aérodrome).

De réflexion, il n’y en eut aucune et tant pis pour les Quiberonnais qui ont payé ces équipements !

L"aéroclub de Quiberon se félicite d'avoir atteint presque 1 000 heures de vol pour ses avions en 2015 (soit pour 80 membres 12,5 H pour chacun dans la moyenne nationale des 12 à 14 heures), les tarifs de l'aéroclub de Quiberon sont de 115 à 155 € de l'heure HT en solo selon l'avion (hors Ulm, baptêmes, bonus divers ...) soit forcément plus de 120 000 € HT de recettes annuelles.l'aéroclub de Redon (de même taille) se dit satisfait d'être arrivé à un coût de fonctionnement de son aérodrome très inférieur à 10 000 €, le déficit ne saurait donc venir de là.

Tous les voisins de l'aérodrome ont pu constater, ne serait-ce qu'au plan auditif, le plein succès des baptêmes parachutistes et leur accroissement d'année en année. Ce business (sous forme associative une fois de plus) serait il exonéré des habituelles taxes d'atterrissage pour que cet aérodrome soit ainsi en déficit et mis en péril par un déficit insoutenable de 5 000 € ?

Doit-il être rappelé que cette association à but non lucratif facture de l'ordre de 280 à 290 € le saut en tandem, que le déficit de l'aérodrome est ainsi de moins de 20 sauts ?

Très récemment la presse locale se faisait écho du succès d'une pétition en faveur de l'organisation à Quiberon d'une manche du Red Bull air race. Ce projet, porté par un jeune, est sans doute illusoire même si l'idée qui l'anime est plutôt de bon sens : « On se doit de créer de grands événements médiatiques pour Quiberon et innover, au lieu de toujours chercher à reproduire des choses qui se font ailleurs, mais en moins bien», bon sens qui ne saurait peut-être plaire à nombre de nos élus qui en semblent trop souvent dépourvus.

La contribution de l'aéroclub (et à travers lui de membres qui ne sont probablement pas les contribuables quiberonnais les plus démunis), n'est sans doute pas à hauteur de ce qu'elle devrait être et ce site purement « exceptionnel » pour des baptêmes en parachute ne génère sans doute pas pour la commune des recettes à hauteur de ce potentiel, mais surtout la municipalité n' a jamais été capable de rechercher ou d'imaginer des évènements propres à valoriser cet équipement.

Y eut-il eu en baie de Quiberon des poissons volants bons à mettre en boîte que Mr le Maire eut certainement porté plus d'attention au devenir de cet aérodrome !

Jo le Tacaud

PS 1:

Si ce billet a pour titre « Démission », ce n'est pas pour réclamer celle de Mr le Maire (encore que) , aussi décevant soit-il , mais pour fustiger cette démission permanente faite de l'abandon des acquis communaux et de l'absence de toute recherche de politiques d'avenir pour Quiberon hors le strass et les paillettes.

PS 2:

L'aérodrome n'a pas que des amis à Quiberon, une association demande depuis longtemps sa fermeture au motif de sa dangerosité. S'il venait demain à l'Aqta l'idée de le fermer pour ce motif ou pour recentrer cet équipement par rapport au territoire de l'intercommunalité, c'est une vaste zone qui se trouverait offerte à l'appétit des promoteurs immobiliers dont chacun a encore pu voir, à l'occasion du dernier conseil municipal, combien il se déchaine depuis l'arrivée de la nouvelle équipe municipale.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :